Dans le cadre de ma production “Les Miséreux” , je souhaiterais faire écho au grand registre cinématographique de la chronique sociale, mais en lui donnant une dynamique dramatique plus originale et proche de ce que ce registre vise à transmettre, comparativement aux chroniques sociales actuelles qui peuvent parfois être plus pathétiques que véritablement iconiques.

 Du point de vue humain de ce projet, je souhaite donner une voix à 7 voire 9 portraits très iconiques de la misère du monde, allant de la famille éternellement enfermée dans sa basse caste à la retraitée seule et dépressive. L’idée est de donner une voix à des misères trop souvent ignorées, telles que celles des jeunes habitants des cités, souvent condamnés à la condition de leurs milieux sociaux, ainsi qu'à des détresses reconnues comme banales et injustement acceptées comme des aléas de nos sociétés (détresse de la jeunesse manipulée et désinformée, rupture croissante entre les générations, etc.).

Pour le découpage scénaristique de ces productions, je m'inspire de la série web plutôt célèbre en France, Bref de Kyan Khojandi, en souhaitant recycler le dynamisme du montage tout en y incluant succinctement de longs passages au rythme scénaristique décroissant, afin de jouer sur l'effet de l’ "Attention Span" des spectateurs, visiblement en constant déclin. Enfin, du point de vue technique, concernant l’atmosphère du projet, je m’inspire autant de mes précédentes expériences à travers mes anciens projets scolaires avec le style “Gray Black” à la Copola, que du film d’animation français que je considère comme une ode à la couleur grise contrastée à la couleur noire, à savoir Le Magasin de suicides de Patrice Leconte. 

Ce projet présente pour moi différents objectifs expérimentaux du point de vue du développement de ma pratique active du cinéma, mais il représente aussi un intérêt émotionnel quant à un sujet que je trouve trop mal ou du moins trop partiellement exploré, ne serait-ce que par les créateurs indépendants dans un monde toujours plus rapide, où la vitesse d’expansion du cinéma amateur devrait servir à instruire et documenter les gens. 

Clément Clowdy 

Réalisateur du Projet & Fondateur du Collectif NO Clowdy Pictures.